Rede von Seiji Hattori (Französisch) – Metz 2015

Von | 04.10.2015

Situation actuelle des centrales nucléaires au Japon

(Intervention du réseau anti-nucléaire « Atomkraftfreie Welt ‒ Sayonara Genpatsu Düsseldorf » pour la manifestation de Metz du 03/10/2015 – Version allemand)
Seiji HATTORI

Chers amis et amies de France, d’Allemagne et du Luxembourg !

Mon nom est Seiji Hattori et je fais partie de l’alliance « Atomkraftfreie Welt ‒ Sayonara Genpatsu Düsseldorf », ce qu’on pourrait traduire par : « Un monde sans nucléaire – Adieu aux centrales nucléaires, de Düsseldorf ». J’aimerais vous présenter aujourd’hui la situation actuelle des centrales nucléaires au Japon, sous trois aspects :

I. Le statu quo à « Fukushima »

Cela fait déjà près de quatre ans et demi que s’est produite la catastrophe atomique dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, et le problème de sa fermeture est plus actuel que
jamais. Le seul point positif est qu’on a enfin réussi au mois de novembre de l’année dernière à transporter comme prévu les 1533 barres de combustible au total de la piscine de refroidissement située dans le bloc numéro 4 avarié, qui se trouve dans un état extrêmement fragile. Mais il faut ajouter que le transport des barres de combustible des réacteurs 1, 2 et 3 avait été reporté de 2-3 ans.
Les prochaines étapes nécessaires à la fermeture de la centrale, c’est-à-dire l’enlèvement des combustibles usés fondus à cause de la fusion du coeur du réacteur dans les réacteurs 1 à 3, sont projetées pour 2020, mais rien n’est encore en vue.
Le problème de la fuite d’eau contaminée n’est pas encore résolu.
Le système ALPS, destiné à nettoyer l’eau contaminée par la radioactivité, ne fonctionne pas complètement.
Dans la préfecture de Fukushima, le nombre d’enfants chez lesquels on a décelé ou présume un cancer de la glande thyroïde a nettement augmenté selon les données publiées fin août. Après la soi-disant « décontamination » et malgré les risques de radiation, les autorités veulent ordonner le retour des populations évacuées, selon la devise « reconstruction » de Fukushima. En conséquence, la radioactivité devient de plus en plus un thème tabou et la population est placée devant un dilemme.
En outre, les scientifiques ou intellectuels, de même que les adversaires du nucléaire sont divisés : entre le groupe qui prend au sérieux les risques de radioactivité et le groupe qui sous-estime et minimise ces risques.

II. Pourquoi remet-on en service les centrales nucléaires après « Fukushima » ?

Le 11 août de cette année, le réacteur 1 de la centrale nucléaire Sendai dans la préfecture de Kagoshima, au sud du Japon, a été remis en service en dépit d’énergiques protestations.
Jusqu’à cette date, les 44 réacteurs japonais étaient fermés.
Le premier vrai motif de la reprise de l’exploitation nucléaire est d’ordre économique : premièrement, le gouvernement de Shinzo Abe veut promouvoir la compétitivité internationale de l’industrie atomique japonaise afin de pouvoir édifier des centrales à l’étranger, p. ex. en Turquie et en Inde.
Deuxièmement, le gouvernement Abe voudrait ainsi réduire l’importation d’autres sources énergétiques et améliorer la balance commerciale, ce qui contribuerait au succès de la stratégie de croissance de sa politique économique dénommée « Abenomics ».
Troisièmement, son gouvernement ne peut pas laisser tomber Tepco parce qu’on lui a déjà accordé des subventions de l’ordre d’un billion de yens (environ 750 milliards d’euros). La remise en service des centrales nucléaires est indispensable à l’amélioration de la balance commerciale de Tepco.
Le deuxième vrai motif de la reprise de l’exploitation nucléaire est l’aspect militaire ou la politique de puissance au niveau de la politique internationale que je voudrais présenter ciaprès.

III. Qu’en est-il actuellement de la Constitution de Paix et des « trois principes fondamentaux de la dénucléarisation » ?

Tout le monde sait que l’expansion des centrales nucléaires au Japon avait dès l’abord pour fondement plutôt des objectifs de politique d’hégémonie que de politique énergétique, cette expansion étant censée permettre au Japon de disposer de l’arme atomique et d’ouvrir la voie à l’ascension du Japon comme grande puissance dans la politique internationale d’aprèsguerre. Nobusuke Kishi, ministre de l’industrie et du commerce du gouvernement militariste japonais pendant la Seconde Guerre mondiale et premier-ministre de 1957 à 1960, qui avait déterminé cette orientation vers le nucléaire en 1958, l’a lui-même confirmé. Les « trois principes fondamentaux de la dénucléarisation » : le Japon ne veut ni disposer d’armes atomiques ni en fabriquer et ne veut pas en faire venir sur le territoire japonais, ces principes de base ne doivent donc s’appliquer que d’une manière limitée. On sait que Shinzo Abe est le petit-fils de Nobusuke Kishi qu’il vénère. Il est évident que son changement d’orientation mentionné ci-dessus, à savoir l’abandon de la sortie du nucléaire, est étroitement lié à la poursuite de la politique de puissance de son grand-père.
Malgré les vives protestations de l’opposition et de la population, les lois de sécurité, qu’on appelle aussi « la législation de guerre » parce qu’elles rendent le Japon apte à s’engager dans une guerre pour la première fois dans l’histoire de l’après-guerre, ont été votées le 19 septembre de cette année à la Chambre Haute en violant des règles de scrutin parlementaire. Ceci afin d’obtenir éfinitivement force de loi. Cela signifie non seulement le renoncement au pacifisme absolu respecté depuis 70 ans par le Japon, mais aussi une sorte de « coup d’État » antidémocratique violant notre Constitution de Paix.
À mon avis, l’objectif d’Abe ne réside pas simplement dans le fait de vouloir se faire bien voir en Amérique en suggérant le droit collectif à l’autodéfense par l’intermédiaire d’une législation sécuritaire, mais aussi dans l’abandon du régime d’après-guerre, probablement le retour au régime d’avant-guerre et à l’ancien grand empire japonais avec un armement atomique. Le gouvernement Abe et son parti LDP sapent progressivement, comme Poutine en Russie, les structures démocratiques au Japon et adoptent des allures fascisantes.

Dans ce contexte, je voudrais vous appeler à la solidarité internationale dans la lutte contre la politique atomique, mais aussi contre le démantèlement de la démocratie par
le gouvernement Abe.

Je vous remercie de votre attention ! – Seiji HATTORI Sayonara Genpatsu Düsseldorf pour la manifestation de Metz du 03/10/2015)